Pochette du disque

Maxime Le Forestier, comme un écho de mon enfance.

Maxime Le Forestier a bercé mes années 70, avec son œil vif, sa barbe tendre, sa voix haut perchée, et surtout sa sincérité singulière, intelligemment atténuée par la douceur de ses arpèges. Ma mère, comme beaucoup de femmes à l’époque, en était discrètement amoureuse, elle suivait l’air de ses temps en m’apprenant à embrasser les arbres, contempler l’eau descendre du ruisseau et bien sûr vénérer les chevaux.

Cette insouciance d’une enfance à la campagne, nourrie par cette génération baby boom qui prêchait l’amour comme solution politique, s’est écroulée pour moi avec les années 80, l’adolescence, le sida et le minitel. C’est à cette époque que le cynique est né. On y était pas préparé. Les enfants de la colline, roulaient encore tous des hanches en fumant des pétards sur les refrains politiques des artistes Saravah, Barouh, Higelin, Areski, quand le connard est arrivé, avec sa mégalomanie nourrie de cocaïne, sniffant sa liberté sexuelle dans les canapés rouges des clubs échangistes parisiens, il est devenu la norme, puis la pensée unique.

Et oui ! On nous avait menti. L’amour ce n’était pas assez pour changer le monde, d’ailleurs même Maxime Le Forestier avait rasé sa barbe. Alors, on a été méchant. Longtemps, longtemps, on a vénéré cette mode de la méchanceté. Méchant, est même devenu synonyme d’intelligent, les gentils n’étant plus considéré que comme de pauvres imbéciles qui méritaient bien toutes les pollutions qu’ils généraient en surconsommant ce qu’on leur dictait d’acheter pour sauver l’économie de leur nation. Les gens se sont vidés de leurs utopies peu à peu, se prenant en photo pour se rassurer, inventant l’individualisme, le quart d’heure de gloire 2.0 et les ronds dans l’air.

Tout ça, c’est de sa faute à Maxime Le Forestier, fallait pas nous faire rêver avec votre San Francisco ! San Francisco, ce n’était pas, l’arc en ciel en 1972, il y avait encore tout à faire pour y être libre d’être soi-même ! Ce fût une terrible lutte. Et pourtant, ils sont nécessaires vos arpèges, aujourd’hui plus que jamais, parce qu’ils sont la preuve que l’on peut s’exprimer sans être agressif, que la poésie n’est pas niaise, que le cynisme n’est pas la pensée unique. Ce n’est pas pour rien que l’on retrouve un peu de Brésil dans sa chanson Paraître, cette voix lucide et insouciante que vous gardez pour analyser le monde, comme un écho de mon enfance.

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