Il est subtil, Alex Beaupain et ça c’est compliqué pour un artiste dans notre société… La pression de la facilité est partout, l’art est prémâché, pilonné par des applaudissements et des rires, relevé de couleurs criardes, d’effets sur les voix ou de gros mots. Il est difficile d’exister autrement que dans la caricature. Et pourtant…
Ci-dessus Souchon par Beaupain.
Un cousinage naturel. Il y a chez eux de profondes douleurs exprimées en apparence dans la douceur, avec des mots durs prononcés avec tendresse, des arrangements tout en finesse. Pour ce nouvel album, le sixième, Alex Beaupain travaille avec du jeune sensible, l’ancien chanteur de Revolver, Ambroise Willaume …
… et le jeune compositeur électro Superpoze … Un choix subtil.
Nous sommes ici, à l’opposé du virilisme d’un Stallone qui ferait de la boxe en se faisant pousser le mulet . Alex Beaupain, lui, est un homme, un vrai, avec une plume. Il est le reflet de sa génération, l’homo-sceptique, celui qui peut se coucher aussi bien en groupe dans un lit tout rond, que seul dans un cercueil. Je n’invente rien, c’est dans le clip de la chanson titre de son nouvel album, il est un chanteur qui sait tourner sa langue dans sa bouche…
Ce Rambo des temps modernes, par exemple, n’a pas peur d’écrire un refrain avec un mot inchantable, Ektachrome…
J’imagine tellement ce moment, où il fredonne sa mélodie pour chercher ses mots et il se dit : « tiens, ektachrome, ça sonne bien ! »
J’ai la mémoire ektachrome comme une passoire polychrome …
Avouons le, presque tous sommes ignorant de la définition du mot ektachrome. Bon, il faut dire que Kodak a arrêté la production de ces pellicules super 8 en 2009…
Beaupain sait mesurer ses émotions, ( son signe astrologique est balance, ça vous ferait croire en les étoiles, un disque pareil ).
Il doute, s’interroge, s’insurge, se révolte, mais toujours avec pudeur, dans la retenue. A l’image du titre Poussière lente, qui clôture le disque, romantique avec ses cours d’eaux de piano, » Pas plus le jour que la nuit » , ce nouvel album, ce sont ces sirènes qui n’en finissent pas de nous chanter la violence.
Et puis l’amour qui sauve à chaque fois.
Pas l’amour qui file la gale ou les morpions, non, l’amour véritable qui sait prendre son temps….
Pas plus le jour que la nuit. Ici, en vinyle :
En tournée cet automne, le 20 novembre à Paris (Olympia).