homme de 50 ans

Mais qui donc est l’homme de 50 ans ?

Oh la la ! Je le connais bien, moi, l’homme de 50 ans, j’ai grandi avec lui !

Bon, par coquetterie, je préciserais que je suis un peu plus jeune que lui, mais pas de beaucoup. On en a vécu des trucs ensemble, avec l’homme de 50 ans, dés la petite enfance, il me tenait la main au bac à sable… Il était mignon quand il était petit avec ses sous pulls en lycra et sa coupe au bol, un peu idiot aussi avec toujours des trucs dégueu plein les poches. La femme de sa vie, c’était sa maman.

On s’inquiétait beaucoup pour l’enfant, homme de 50 ans, déjà parce qu’il regardait trop la télé, dés trucs romantiques avec des mecs musclés de l’espace qui s’envolaient dans des robots, des séries sous LSD de héros américains, et puis des dessins animés écolos complètement surréalistes aussi.

L’enfant, homme de 50 ans, connaissait également toutes les chansons de Chantal Goya par cœur mais il disait que c’était nul dans la cour de l’école parce que c’était des chansons pour les filles, on lui achetait plutôt les 45 tours de C Jérôme ou Plastic Bertrand. L’homme de cinquante ans est aussi le premier humain a avoir eu un jeu vidéo, un truc tout nul avec des bâtons et des carrés,  il y jouait pendant des heures parce que c’était trop de la balle.

Adolescent, l’homme de 50 ans, ne jurait que par le flipper et les nichons. Dés l’entrée au collège, il comparait la taille de poitrines des filles en ricanant. Il se trimbalait en bande, et roulait des pelles maladroites sur des slows débiles dans les boums du mercredi après-midi. Les filles le trouvait un peu ballot, on lui avait inventé le quart d’heure américain, pour qu’il n’ait pas à se prendre des vents en invitant les filles à danser . Nous, on regardait plutôt les mecs un poil plus âgés, ça le frustrait beaucoup. Il se vengeait sur des pornos en VHS et en cachette. Côté look, il n’avait que trois choix pour être cool au collège.

S’habiller tout en noir, faire croire aux filles qu’il avait lu le Marquis de Sade et écouté les Cure.

Mettre des casquettes à l’envers et tenter des acrobaties ridicules pour se la jouer américain.

Ou bien assumer son penchant romantique en passant des heures devant la glace à se palucher la mèche de brushing avec du gel.

Au lycée, l’homme de 50 ans, n’avait toujours pas grandi, mais il s’était acheté une guitare. Sa conscience politique s’était aiguisée en écoutant NRJ … Grâce à Mitterrand, on lui avait offert les radios libres, des radios qu’il écoutait religieusement, surtout les nouveaux agitateurs qui disaient des gros mots sur les ondes en passant des tubes plus ou moins insupportables. A 16 ans, il était même dans la rue pour défendre sa radio de jeune comme on défend la république.

L’homme de 50 ans, n’était pas très viril. Bien sûr, il s’intéressait à la scène alternative et pouvait être punk ou rockabilly en écoutant Noir Désir ou la Mano Négra…

Mais son cœur le menait plutôt vers une musique de l’Angleterre, héritière des nouveaux romantiques, une musique pour garçons à lunettes qui excluait dramatiquement les filles, les Smiths. Je les ai observé avec stupeur tous ces petits hommes de 50 ans jeter des glaïeuls à un Morrissey, égocentrique et pleurnichard, en se demandant si finalement, ils ne préféreraient pas plutôt les garçons pour les bisous.

Tous ces petits hommes de 50 ans étaient maintenant regroupés sous la bannière « indé »  avec l’arrivée des Inrocks et des Extasies, ils étaient fiers de se rouler des pelles entre eux, comme en Angleterre, pays de l’excentricité. C’est à ce moment là qu’arrive, le clivage rock, rap et électro. Les années 90. Ceux qui ne perdaient pas leurs cheveux restaient rock, ils écoutaient Oui FM à Paris et en entrant dans la vie active, lâchaient leur spleen sur Nirvana en Unplugged.

Les anciens smurfers, avaient gardé leurs casquettes et s’étaient réfugiés plutôt sur Nova, ils faisaient du graffiti et de la politique en balançant des rimes hip hop ou du raggamuffin. Pas trop de place pour les filles par là-bas non plus mais tout de même une ambition pour le collectif…

Les autres, ceux qui perdaient précocement leurs cheveux, se tournaient vers la musique électronique, écoutaient FG, en dansant comme des robots tous seuls sur le dance floor.

Le jeune homme de 50 ans, n’était pas non plus très ambitieux. On lui avait appris que sa valeur passait par le développement personnel, il avait traduit Dolto par :  » Je suis l’enfant reine, laisse béton « .

Il se sentait  écrasé par les femmes, dés qu’elles étaient en âge de procréer, il les méprisait car, son ennemi s’appelait  : responsabilité. Il cherchait la gloire tranquille et surtout rester un jeune pendant encore très longtemps. C’est avec lui que sont apparues les expressions, syndrome de Peter Pan, adulescent et autres quincados.

Je me suis souvent étonnée, de voir si peu d’hommes de ma génération, prendre les commandes de quoi que ce soit, je les ai cherché en politique ou dans les media, mais ils étaient souvent écrasés par leurs mentors. Là, où les femmes se battaient pour exister sur tous les fronts, de la famille à la vie professionnelle, l’homme de 50 ans restait souvent un vieil ado, tranquillement talentueux qui aimait son confort et ses copains.  Le bien, le mâle …

C’est à quarante ans que l’homme de 50 ans s’est réveillé, d’un seul coup en voyant sa jeunesse le quitter, il a voulu des enfants, le pouvoir, l’argent. Mais les places étaient déjà prises soit par des plus jeunes, soit par des femmes très combattantes. Et le pouvoir restait encore aux mains des mentors…

Malins, ces mentors ! Pas d’états d’âmes pour eux ! Ils ne voulaient surtout pas entendre parler de la retraite et encore moins crever ! Too bad, les gars !

Alors, vous me direz, certains tirent leur épingle du jeu, éternels petits nouveaux dans leurs spécialités, Katerine, Edouard Baer, Vincent Cassel, Akhenaton, Laurent Delahousse, JoeyStarr, Mathieu Kassovitz pour ne citer que les plus célèbres… Ne vous y trompez pas, je les regarde tous avec tendresse. Mais franchement, quand on est une femme de 48 ans, comment être épatée par ces vieux ados toujours sur la touche ?

C’est terrible à dire mais même en politique, et ça me fait mal aux fesses de l’écrire mais en terme d’ambition, d’acharnement et de charisme, qu’est-ce-que qu’un Benoit Hamon de 50 ans face à une Marine Lepen du même âge ? Oui, ça me fait mal…

L’homme de 50 ans, ne connait pas non plus le mot transmission, il est chacun pour soi, tous wannabe !

Bon. Il reste tout de même, une grande gloire pour l’homme de 50 ans, un truc qu’on ne peut pas lui piquer. Il est encore en âge de procréer, et c’est sûrement pour cela qu’il aime les femmes jeunes, fertiles, c’est probablement la seule érection encore permise à ses vieilles ambitions, un dernier coup, quand il a loupé tout le reste.