Pour ce troisième album, Buridane nous plonge dans des souvenirs évanescents, l’écho d’une grande tante qu’elle n’a jamais connue, Colette. Seule artiste de sa famille, Colette est le fantôme d’une âme sœur, sœur de son grand-père, mais aussi sœur d’église. C’est par un accident de voiture tragique, que commence son histoire, “j’ai brûlé le carrosse”, Total Fiasco, le début de la fin.
Voilà donc le spectre de ce nouvel album. Un disque mûrit patiemment, cinq ans, pour monter son label, avoir un enfant, nourrir sa psyché. Elle écrit d’abord seule ses chansons, son histoire à remonter le temps, avant d’en confier les arrangements au génial héros de la mandoline Féloche. Felix est la joie, solaire, il éclaire les mots de la chanteuse, joue avec les contrastes, ajoute des touches de mandoline et d’ectoplasme.
Le père de Féloche, Hugues Le Bars, écrivait de la musique pour le cinéma mais aussi pour la danse, notamment avec le grand Maurice Béjart. Une fois de plus, les héritages s’emmêlent, Buridane connaît bien sa musique, elle l’a dansée. Colette et Hugues valsent dans son inconscient.
Avec Féloche, elle poursuit son histoire, épouse les arrangements savants du chanteur. De l’intimité de la voix parlée sur “Pluie Vaudou” à la leçon de pop, tube de l’été, “Ni Kalifa Ala Ma”, “Colette Fantôme” s’écoute comme un roman, chaque chanson est un chapitre. De la création du fantôme, au doux tombeau, Buridane danse ensorcelée sous la pluie, sur des thématiques qu’elle explore par la suite à l’écrit avec un projet de livre. De la pop à tiroir.
Gothique gourmandise de mandoline, Colette est le cœur d’un roman dantesque, la vie, la mort, le sexe.
La vie qui trouve son chemin, sur une ondée d’arpèges, une mélodie subtile, avec Laura cahen sur “Chasser la nuit”. Claquement de doigt et effets sur la voix, “Pourquoi tu m’fais pas” flirte avec l’électro sur un texte de Pauline Croze. Quant à l’étonnante, “Slave”, chanson heureuse et triste à la fois, tendue et pourtant si douce, elle est à l’image de ce disque, bouillonnante d’idées et de créativité. “Colette Fantôme” est une quête de soi qui garde la légèreté d’une bulle de champagne ! Poète évidemment, elle laisse la place à l’imaginaire, n’étouffe pas l’auditeur d’une émotion sans pudeur. On sourit baignés dans le mystère, à l’image des clips en super 8 réalisés avec Féloche, où la dame en noir s’habille de blanc pour jouer au tennis. A lire, à voir ou à danser avec son corps, son cœur et surtout son imagination. N’ayez pas peur des fantômes, écoutez les danser.